Ce dimanche 12 novembre, Myriam Charconnet venait nous éclairer sur la place de la femme dans les journaux télévisés français. Pour ceux qui n’ont pas pu partager ce moment avec nous au Trèfle Noir, voici un petit résumé de la séance, en attendant le replay !
Après une présentation de son parcours, Myriam nous conte tout son périple pour écrire, alimenter et soutenir ses deux mémoires sur le sujet. On en retient notamment le tabou de cette thématique, qui demeure au sein des institutions non seulement médiatiques mais aussi académiques. Face aux difficultés à mettre en lumière le problème, il était donc important d'en parler et d'ouvrir le débat.
Myriam se fonde ainsi sur les deux derniers rapports du Global Media Monitoring Project (GMMP). Cette unité de recherche et de revendication dresse un rapport tous les cinq ans sur ses observations des médias et de leur rapport à l’égalité des genres.
Un constat alarmant se dégage de leur analyse. Non seulement les femmes sont beaucoup moins présentes dans l’actualité que leurs homologues masculins, mais elles font aussi l’objet d’un renforcement des stéréotypes qui les cantonne à des rôles bien précis : la mère de famille, la ménagère, la victime.
On note en plus que contrairement à ce qu’on pourrait penser, la situation régresse, puisque qu’entre 2010 et 2015, la présence féminine dans l’actualité par rapport à la présence masculine est passée de 28,3% à 24,1%, toujours d’après le GMMP. Et si la présence du sexe féminin diminue, les clichés véhiculés par les médias eux, sont toujours en bonne forme.
Pour illustrer son propos, Myriam passe des extraits de reportages, retransmis lors des journaux télévisés d’une date bien précise, celle de la journée de la femme le 8 mars, de l’année 2014. Si l’on s’attendait à recevoir des propos sur les inégalités de genre toujours bien présentes dans la société, ou à des débats en profondeur sur la représentation de la femme, on aurait été perdant.
TF1, première chaîne privée française, nous offre un reportage sur la tenue vestimentaire imposée aux femmes en milieu professionnel (à 12 minutes 03). Certes on entrevoit un semblant de questionnement quant au fait que l’appréciation d’une femme passe énormément par son physique et sa façon de s’habiller… Seulement les questions importantes comme les inégalités salariales ne sont abordées que succinctement en introduction et en conclusion, tandis que le reportage s’attarde à nous montrer comment une employée choisit sa tenue le matin avant d’aller travailler, et nous explique quelles couleurs et quel style de vêtement porter pour être prise au sérieux.
France 2, chaîne de la télévision publique cette fois-ci, opte pour le portrait d’une femme d’affaire qui a monté son empire de salons de coiffure (à 18 minutes 45). Avec une méthode secrète pour manier le sèche cheveux élaborée pendant plusieurs années, elle a réussi à créer son entreprise grâce à Ludovic son expert comptable qui lui a expliqué ce qu’était un bilan. Excusez ce sarcasme, qui se transforme en exaspération lorsque son collaborateur donne son avis : « Je ne la vois même plus comme une femme en fait, je la vois comme un… un dirigeant. » De plus, cette femme n’a pas d’enfant, et est célibataire. Parce que c’est important, pour l’information. Mais pas de panique, « après avoir bâti un empire, elle aimerait fonder une famille ». Ouf ! On a failli croire que c’était une femme indigne…
Sur ce, le débat s’anime au sein de l’Upop et des questions comme l’éducation des enfants sur un modèle plus égalitaire, ou encore la société de l’apparence qui impose ses dictats aux femmes mais aussi aux hommes, sont abordées. On parle aussi de la pression d’un système qui ne veut pas changer, on compare sommairement avec le Québec, bref, on échange, on ouvre les yeux, on cherche des solutions.
Un grand merci à Myriam de nous avoir fait part de son expérience, et de nous avoir montré quelque chose qui ne fonctionne pas très bien dans la société. À nous maintenant d’en prendre conscience et d’essayer de régler le bug.
